«L'Etoile» est la plus petite maison de la Grand-Place. En sa voisine, le restaurant «le Cygne», un ancien cabaret, Karl Marx écrivit avec Engels son Manifeste Communiste. Quant aux bas-reliefs qui ornent «l'Arbre d'Or», la maison des brasseurs — encore occupée par cette corporation qui aménagea un musée de la bière — ils racontent les vendanges et, comme il se doit, la récolte du houblon. La construction de l'Hôtel de ville commença en 1402 par l'aile gauche. L'aile droite s'ajouta entre 1442 et 1455. Et comme l'ancien beffroi qui séparait les deux ailes manquait d'envergure, Jan van Ruysbroeck fut chargé d'ériger sur sa base la plus belle tour d'Occident. Orné des bustes de bourgmestres de Bruxelles depuis 1830, le palier terminant le grand escalier d'honneur de l'hôtel de ville s'entoure de la glorification du pouvoir communal. Au fond sont décrites les activités quotidiennes des citoyens, tandis qu'au mur, un magistrat proclame une ordonnance du haut de la bretèche. Au plafond se succèdent les grandes heures de la ville. La «salle des Etats de Brabant» est décorée de deux tapisseries (Bruxelles, XVIIIe siècle) de l'Histoire de Clovis d'après des cartons du peintre français Le Brun. Quatre autres couvrent les murs de la salle Maximilienne. En cas d'absence du bourgmestre, c'est le Premier échevin qui exerce les fonctions mayorales. Aussi le mobilier de son cabinet est-il conçu pour faciliter les réunions de travail. La «Chambre des Echevins» lambrissée en vert or est caractéristique du style Louis XIV, largement adopté lors de la restauration de l'hôtel de ville après le bombardement de 1695. Mais on y a maintenu les quatre corbeaux sculptés qui soutiennent les poutres du plafond et remontent à la première moitié du XVe siècle. La Salle Maximilienne doit sa dénomination aux portraits de Maximilien d'Autriche et de son épouse Marie de Bourgogne disposés sur le manteau de la cheminée. Les murs sont recouverts de tapisseries de Bruxelles (début du XVIIIe siècle) représentant le mariage de Clovis, le repas de ses noces, son baptême et la dictée de son testament. Elles ont été tissées d'après les cartons de Charles Le Brun, peintre de Louis XIV. Janssens, contribuent à la somptueuse décoration de la Salle du Conseil communal, réalisée par les Etats du Brabant qui y siégeaient. A gauche de la cheminée dont le corps est garni, d'un côté, d'une mitre et d'une crosse, symboles du clergé, et, de l'autre, d'un heaume et d'une bannière, symboles de la noblesse, la tapisserie représente l'intronisation de Philippe le Bon comme duc de Brabant. A droite, c'est l'abdication de Charles Quint qui est évoquée: Marie de Hongrie, gouvernante générale des Pays-Bas, est assise à côté de l'empereur qui a devant lui son fils Philippe II agenouillé. Sur le mur latéral, Charles VI vient de prêter serment de respecter la charte de la Joyeuse Entrée, entouré des allégories de la Justice, la Loi, les Lettres et le Gouvernement. En 1868, on modifia complètement la grande salle qui servit souvent à l'inauguration des souverains, appelée désormais la Salle Gothique. Le style néo-gothique fut substitué au classique. Aux trumeaux, les statues de bronze doré représentent d'anciens magistrats de Bruxelles tandis qu'aux murs, les tapisseries évoquent les gildes, métiers et serments de la ville. Dans la Salle des mariages où siégeait autrefois le tribunal, la restauration de la fin du XIXe siècle a multiplié les symboles de l'Amour et de la Loi qui unissent les époux. Sur les consoles supportant les poutres du plafond sont reproduites les armoiries des sept lignages des familles patriciennes. Chaque matin, la Grand-Place accueille un chatoyant marché aux fleurs. Mais tous les deux ans en août (dernièrement en 1998) le centre du rectangle se couvre d'un tapis de fleurs où se côtoient les armoiries du royaume et l'iris, emblème de Bruxelles. Pour la circonstance, des jets d'eau rappellent modestement la monumentale fontaine qui se dressait jadis devant la Maison du Roi. Si le rez-de-chaussée de la maison appelée «le Sac», jadis local des ébénistes et des tonneliers, est dans la note classique comme celui de sa voisine «la Brouette», l'étage est richement orné à l'italienne. En 1696, la corporation des boulangers acquit le terrain d'un steen (une bâtisse en pierre) incendié pour élever leur maison dite «le Roi d'Espagne». A gauche, après «la Brouette» et «le Sac», «la Louve» était la maison du serment des archers, «le Cornet» celle des bâteliers et «le Renard» des merciers. Tous édifices marqués par la luxuriance du baroque flamand. Séparés par des têtes d'angelots, des carels reproduisent l'enseigne de l'édifice ainsi que ses dénominations: 't Vetter-wariershuis — «maison des graissiers» — et den Cruywagen — «la Brouette», sur laquelle triomphe l'opulence du style italo-flamand. La première sortie connue de l'Ommegang remonte à 1349. C'était alors une procession célébrant le souvenir de l'arrivée à Bruxelles de la statuette miraculeuse de Notre-Dame du Sablon. Aujourd'hui, des personnes de la haute société tiennent à y incarner, parmi d'autres, l'empereur Charles Quint, ses sœurs Eléonore et Marie. L'Ommegang a lieu chaque année le dernier mardi de juin et le jeudi suivant. Plus simples que la plupart des autres façades de la Grand-Place, celles du côté gauche de la Maison du Roi, «le Paon», «le Heaume»... rappellent encore les vieilles maisons bruxelloise du XVIIe siècle avant que ne s'exerce l'influence italienne. Point d'application des ordres classiques mais un jeu de bandes verticales et horizontales. Aux festivités d'antan, le progrès technique permet d'ajouter, en hiver, les plaisirs du patinage. Devant la Maison du Roi — l'ancienne halle au pain reconstruite au XIXe siècle sur le modèle de l'hôtel de ville d'Audenarde — jeunes et moins jeunes évoluent sur la glace sous la rutilante protection des anges de Noël. Le musée communal de la Ville de Bruxelles a acquis un tableau parfois attribué à Pieter Bruegel, qui avait sa maison rue Haute où elle existe toujours. Le peintre détaille le cortège d'une noce villageoise en route vers l'église. Grassouillette, la mariée suit un joueur de cornemuse. La scène pourrait se dérouler dans la campagne environnant la capitale. Côté nord, «la Taupe» et «la Chaloupe d'Or» appartenaient à la corporation des tailleurs. Leur reconstruction en 1698 s'est faite sous une même façade. Un buste de sainte Barbe, patronne des tailleurs, a été placé au-dessus de la porte d'entrée tandis qu'au sommet, l'évêque saint Boniface esquisse un geste de bénédiction. La «maison des Ducs de Brabant» réunit sous un seul frontispice six maisons qui comportent des bustes de ces personnages sur le socle de leurs pilastres. D'où la dénomination de l'ensemble. Parmi elles, «le Moulin à vent» appartenait aux meuniers, «le Pot d'étain» aux charpentiers et «la Colline» aux sculpteurs, tailleurs de pierre, maçons et ardoisiers groupés dans le métier des Quatre Couronnés.
(“Discovering Brussels” Georges-Henri Dumont)
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